Analysé par Isabelle Gallay avec l’aide de Claire Beylot, Isabelle Rousseaux et le laboratoire La Roche Posay.
Toxine botulinique : qu’en est-il de la stérilité une fois mise en suspension ?
P.Micheels, G.Renzi, J.Schrenzel
J.Med.Esth et Chir.Derm. Vol XXXXV,177, mars 2018, 15-18
Ces auteurs suisses ont réalisé une mise en cultures de reliquats de toxine botulinique après reconstitution pour utilisation à des fins médicales ou esthétique, puis conservation des flacons dans un réfrigérateur entre 2° et 8 °. L’expérience a porté sur 10 flacons (3 Vistabel®, 2 Azzalure®, 1 Dysport®, 4 Xeomine®).
Les flacons ont été conservés selon les cas de 1 jour à plus de 8 mois.
Un milieu de culture liquide a été injecté dans chacun des flacons, agité, puis un prélèvement de chacun des flacons a été transféré dans un tube contenant le même milieu de culture liquide ; ces tubes, incubés à 37° pendant 5 jours en atmosphère de CO2, ont gardé un contenu limpide, attestant de l’absence de développement de bactéries gram+. Puis pour chacun des tubes, un prélèvement de ce liquide a été déposé sur un milieu solide de gélose au sang, et incubé 48 heures à 37° en atmosphère de CO2, attestant de l’absence de développement de bactéries gram -.
Les auteurs concluent donc à la stérilité de leurs reliquats de toxine reconstituées pour l’injection, conservées au réfrigérateur, jusqu’à plus de 8 mois pour certains flacons, et ce, pour les 5 toxines testées.
Trois remarques :
– beaucoup d’utilisateurs de toxine gardent un reliquat 15 jours en vue d’une éventuelle retouche : l’expérience décrite ici ne conforte pas l’innocuité certaine de cette pratique, si tel est le but recherché, car elle ne porte que sur 10 flacons !
– les auteurs insistent d’ailleurs sur le fait que leur expérimentation ne doit absolument pas inciter à la conservation de la toxine reconstituée : sous- entendu, chacun engage sa responsabilité
– toutes les précautions d’asepsie concernant les manipulations ont certainement été prises par les trois expérimentateurs, dans la mesure où le but recherché était de démontrer la stérilité de ces flacons conservés au réfrigérateur. (on peut craindre que les manipulations ne soient pas toujours réalisées avec autant d’attention par tous les utilisateurs de toxine).