Stephan F, Habre M, Tomb R
Journal of Cosmetic Dermatology, 2014 dec, 13 (4) :346-8
Résistance clinique à 3 types de toxine botulique de type A (BTxA) en médecine esthétique
Le Pillouer-Prost A., GDEC
Cas clinique : Une femme de 51 ans, sans antécédent particulier, se présente pour une 4ème séance de traitement des rides du haut du visage par BTxA (3 séances sur 2 ans auparavant : onaB et aboB) et rapporte avoir toujours nécessité de fortes doses avec peu de résultats (<30%). Elle reçoit 75 unités d’onaB avec une réponse incomplète puis de l’incoB sans plus de succès : réponse partielle et brève.
Discussion et revue de la littérature des auteurs
– Résistances primaires
Les cas de résistance primaire sont rarement rapportés et peuvent être dus : Botulisme asymptomatique, notamment dans l’enfance, comme cela a pu être rapporté dans des articles pédiatriques ; traitements de dystonies cervico-faciales non mentionnés ; résistance génétique primaire ; doses insuffisantes ; erreurs de stockage, de reconstitution ou de points d’injection.
– Résistances secondaires
Actuellement ce sont les cas de résistance les plus fréquents pour les pathologies neurologiques ou le rajeunissement. La BTxA est un complexe de neurotoxine et de protéines complexantes capables d’induire la formation d’anticorps dits neutralisants (nAB) dont on ne connaît pas bien la fréquence, considérée comme très faible voir inexistante en esthétique. Récemment plusieurs auteurs ont rapporté des cas de résistance secondaire contre-disant cette croyance!
- Torres et al, 2013 : 5 cas (article en libre accès sur pubmed)
- Méta-analyse, 2010 pour onaB (non référencée dans la bibliographie de l’article): nAB pour 11/2240 patients négatifs au départ, sans corrélation avec une résistance clinique avec seulement 4 cas de résistance clinique (nécessité d’un seuil ?), avec possibilité de se négativer dans le temps et une apparition parfois précoce après seulement 1 ou 2 cycles d’injections…)
- Rzany et al, 2013, pour incoB sur 2 ans, 20U/cycle, 8 cycles au plus : aucun nAB, aucune perte d’efficacité clinique
Pour les auteurs, certains paramètres peuvent augmenter la fréquence de formation des nAB : un taux de protéines élevé, de courts intervalles entre les séances, le grand nombre d’injections, la pratique de retouches (<6 semaines) et l’utilisation de fortes doses
En dehors des nAB, les résistances secondaires pourraient relever d’autres problèmes :
– Subjectivité de l’évaluation des patients (notamment après perte de l’effet placebo du départ)
– Diminution de la réponse des récepteurs BTxA ; augmentation de la profondeur des rides dynamiques photo- induites ; interactions médicamenteuses notamment pour les aminoglycosides ou les aminoquinolones