Correction du vieillissement des paupières supérieures : injection de l’injection d’acide hyaluronique ou blépharoplastie chirurgicale ?

Article analysé par Hélène CHAMBATTE

Correction du vieillissement des paupières supérieures : injection de l’injection d’acide hyaluronique ou blépharoplastie chirurgicale ?

Romeo F. Upper eyelid filling with ou without surgical treatment. Aesth Plast Surg 2016 ; 40 : 223-35

Si les injections d'acide hyaluronique (AH) dans la paupière inferieure sont bien connues, aucune série de cette ampleur n'a été rapportée pour la paupière supérieure. Les études précédentes concernent surtout la graisse autologue et l’AH n’est mentionné que dans de petites séries, portant sur des pathologies particulières (enophtalmies : 11 cas, hyperthyroïdie: 8 cas avec un suivi de 6 mois maximum). L’étude très détaillée de Romeo sur 154 patientes, accompagnée d’une iconographie très démonstrative est donc particulièrement intéressante et instructive.

Les patientes ont été classées d’après la mesure de m, ce que Romeo appelle « pre-tarsal show » qui est en fait la partie visible de la portion tarsale de la paupière, du bord libre jusqu’au sillon orbito-palpébral, normalement comprise entre 2 et 7 mm. Dans le groupe I (128 patientes) m est supérieur à 7 mm et il peut y avoir ou non un excédent cutané et une perte de volume de la portion orbitaire palpébrale. Toutes ces patientes ont été traitées par injection d’AH, car dans ces cas, la blépharoplastie chirurgicale peut aboutir à un œil rond, avec parfois accentuation du creusement sus orbitaire. Dans le groupe II (21 patientes) m est inférieur à 2mm et il s’associe une perte de volume de la portion orbitaire de la paupière. La blépharoplastie chirurgicale est indiquée, associée à une l’injection d’AH pour restaurer le volume palpébral. Enfin, dans le goupe III (5 patientes), m est inférieur à 2mm, avec un volume palpébral conservé. Ces cas relèvent de la seule chirurgie.

L’AH utilisé (24mg/ml) est injecté en petites quantité : 0,4 à 0,5cc maximum par paupière. L’injection se fait à la canule 27G/37-40, introduite juste au-dessous de la queue du sourcil, et progressant horizontalement et profondément sous le muscle orbiculaire dans la partie latéro-externe, puis sous septale dans la zone médiane jusqu’à la partie interne sous la tête du sourcil, qui est la zone qui nécessite le plus de produit. Après l’injection, un massage permet de modeler les dépôts d’AH de façon à obtenir une paupière lisse et harmonieuse.

Aucune complication grave n’est survenue dans cette série hormis quelques ecchymoses. Il n’y a pas eu de malposition de l’implant nécessitant le recours à la hyaluronidase. Mais il faut garder à l’esprit le risque de complications graves (cécité par embolisation rétrograde de filler vers l’artère ophtalmique, à partir des artères supra-trochléaires et supra-orbitaires). L’utilisation d’une canule, l’injection pré-périostée réduisent beaucoup ce risque exceptionnel. Il faut injecter lentement, sans pression excessive, en faible quantité pour ne pas déclencher de vasospasme.

En conclusion, l’injection d’AH apparaît comme une technique intéressante, facile à réaliser, mais non dénuée de risques et elle mériterait de faire l'objet d'études plus nombreuses. Les résultats sont satisfaisants et durables (seulement 10% des patientes ont besoin d’une retouche à 24 mois). Elle a tendance à supplanter la chirurgie quand m est supérieur à 7mm, ce qui est le cas chez la majorité des patientes de Romeo.