Article analysé par Dominique BOINEAU
Les doses de toxine botulique et leurs équivalences ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre, ces variations étant peut-être dues à une sociologie du sourire et à une phonétique du langage différentes. Mieux vaut donc en rester aux recommandations nationales adaptées à nos patients.
Sharova A.A. Comparison of different consensuses of BTXA in different countries J Cosmet Dermatol 2016 ; 15 : 540-548
Bien que rédigé par une praticienne Russe dont les critères esthétiques sont nationaux, cet article, de méthodologie rigoureuse, analyse et compare les données de la littérature depuis 2008 en utilisant les mots clés « botulinum toxin consensus » et « botulinum toxin guideline» et des informations fournies par les firmes pharmaceutiques. Il en émerge la relative faiblesse du consensus de la profession au sujet des doses et de leurs équivalences des toxines botuliques conseillées en dermatologie esthétique dans les principaux pays utilisateurs.
A ce jour, trois préparations de toxine botulique de type A (BTXA) sont largement utilisées dans le monde (Etats-Unis, Europe et Russie) en médecine esthétique : Botox (Allergan, US), Dysport (Ipsen, France), et Xeomin (Merz, Allemagne). Il est communément admis que ces produits ne sont pas identiques ni complètement interchangeables. En 2009 la FDA a donc assigné à chacune de ces toxines un nom non-commercial pour souligner ce manque de pleine équivalence : Botox est nommé onabotulinumtoxinA-(OnaBTXA), Dysport abobotulinumA-(AbotBTXA) et Xeomin incobotulinumA-(IncoBTXA). Ces produits diffèrent en termes d’excipients additionnels et de forme pharmaceutique.
Cette analyse montre, à partir de très nombreuses données chiffrées, que, malgré des années d’expérience dans l’utilisation des BTXA dans les indications esthétiques, il n’y a pas de stricte uniformité des guidelines cliniques. Les diverses doses recommandées pour le traitement des différentes zones de la face pouvant varier selon les pays dépendant des expressions faciales culturelles traditionnelles et des structures phonétiques du langage
En conséquence les médecins dans leur pratique ne seraient pas guidés par des consensus internationaux, mais préfèrent des guidelines nationaux
La comparaison des doses moyennes des différentes toxines utilisées pour différentes zones esthétiques montre aussi une déviation pour l’équivalence communément acceptée de 1:1 pour Ona BTXA:IncoBTXA et 1:2,5 pour OnaBTXA:AboBTXA selon la région de la face concernée, ceci étant particulièrement évident pour les comparaisons les doses d’AboBTXA aux doses d’OnaBTXA ou d’IncoBTXA .
Ceci suggère que la notion de dose ratio de 1:2,5 n’est probablement pas encore définie de façon certaine et nécessite des études supplémentaires probablement dans le sens d’un possible décroissement.
Enfin cet article se termine par des considérations socio ethnologiques particulièrement originales concernant, en particulier, la sociologie du sourire et l’influence du langage phonétique sur les rides du visage, essentiellement péribuccales, qui éclairent probablement, pour une part, les divergences posologiques constatées.