Expériences négatives physiques et psychologiques des femmes âgées avec les traitements cosmétiques par injection du visage

Article analysé par E Duhard

Expériences négatives physiques et psychologiques des femmes âgées avec les traitements cosmétiques par injection du visage

Older women’s negative psychological and physical experiences with injectable cosmetic treatments to the face.

Berwick S, Humble Á.

Journal of Women & Aging. 2016:1-12.

Analyse phénoménologique qui explore les expériences, sentiments et perceptions des femmes d’âge mur en rapport avec les injections effectuées au niveau de la face et qui ont des sentiments négatifs ou mélangés sur le fait d’avoir participé à de telles procédures.

Largement diffusées dans les médias comme moyen de réduire les signes de vieillissement du visage, l’impact de ces injections sur les femmes et particulièrement celles qui ont des expériences négatives est mal compris. Peu d‘études se sont intéressées à l’attitude des femmes âgées envers de telles procédures ou leur expérience réelle.

Méthode

Les données ont été analysées à l'aide de la théorie morale féministe et d'une méthode phénoménologique herméneutique, axée sur les modes d'être corporels, ainsi que sur les modes temporels et relationnels.

Sept femmes qui avaient eu des émotions négatives ou mélangées après avoir bénéficié d’injections de Botox ou autres fillers ont été interviewées.

Ces femmes ont été recrutées par le biais d’articles dans les journaux, de la télévision, d’affiches, d’un groupe en ligne en faveur du Botox, 4 vivaient au Canada et 3 aux États-Unis, agées de 38 à 64 ans et avaient eu des injections entre 2004 et 2011, soit une ou plusieurs injections de Botox pour certaines, soit Botox et acide hyaluronique pour les autres.

Elles ont eu recours aux injections parce qu’elles ne voulaient pas avoir l’air ou se sentir agées ou pour pour relacher la tension musculaire du visage

Résultats

Trois femmes ont eu des modifications mineures et indésirables de la peau.

Quatre femmes ont eu des effets secondaires physiques et psychologiques graves (douleur, sensibilité accrue au bruit, à la lumière, anxiété, troubles du sommeil et dépression)

– Elles les ont relié à la diffusion de la toxine botulique dans le corps (le corps fracturé). Ces effets sont apparus 2 jours à 2 semaines après les injections et ont duré jusqu’ à 3 ans pour l’une d’elles.

– Elles se sont senties abandonnées par la profession médicale, l'industrie de la chirurgie plastique et l'industrie pharmaceutique qui rejettent leurs plaintes et dénient la relation de leurs symptômes avec les injections de toxine ou de filler (le corps abandonné).

– Elles ont reconnu l’influence de la culture sexiste et anti-âge et ressentent leur corps comme un objet d’enrichissement du corps médical et de l’industrie pharmaceutique (le corps marchandisé).

– Elles décrivent également un changement dans leur conception de la vie ou leur vision du vieillissement (le corps réfléchi).

– La culpabilité d’avoir subi ces injections, la peur des effets secondaires potentiels et l’incertitude quant à leur durée, la peur d’une dépendance ont transformé leurs relations avec les autres, avec la société (le corps transformé).

Conclusion

Cet article confirme la nécessité de la signature d’un formulaire de consentement après délivrance d’une notice d’informations claire et citant tous les effets secondaires physiques ou psychologiques possibles, même s’ils sont rares.

Il met également l’accent sur l‘importance d’une écoute attentive des patientes en post-injection et de soutien en cas d’effets négatifs.

Cette étude ne concerne que 7 femmes et d’autres études seraient nécessaires afin d’estimer la fréquence de survenue de ces effets négatifs et s’ils peuvent ou non être corrélés à une diffusion systémique de la toxine botulique.

Il s’agit ici d’une étude phénoménologique et on ne connaît ni la dose des produits injectés ni les sites d’injections au niveau de la face. Aux doses et sites d’injections autorisés, aucun effet systémique n’a été rapporté mais il y a peu d’études sur les effets à long terme des injections de toxine botulique. (Yiannakopoulou E. Serious and long-term adverse events associated with the therapeutic and cosmetic use of botulinum toxin. Pharmacology. 2015;95(1-2):65-9)

Commentaires

Cette étude très interessante met en lumière les motivations des femmes d’un certain age à bénéficier de traitements anti age mais aussi leurs peurs d’être transformées physiquement ou psychologiquement

Les femmes sont bien entendu la cible principale en ce qui concerne l’anti aging

Le role des médias est bien entendu essentiel, mais celui des industriels et des médecins aussi.