Article analysé par Randa KHALLOUF
Di Pietro A, Piraccini BM. Frontal Alopecia after Repeated Botulinum Toxin Type A Injections for Forehead Wrinkles : An Underestimated Entity ?.Skin Appendage Disord 2016;2 :67-69.
Les auteurs rapportent 5 cas d’alopécie frontale chez des femmes ayant eu recours à des injections de toxine botulique pour le traitement des rides frontales.
La moyenne d’âge est de 52 ans, les injections ont été pratiquées 1 à 10 ans avant le diagnostic (moyenne 2,6 ans). Les doses administrées ne sont pas connues des auteurs.
Les patientes rapportent un recul progressif de leur ligne frontale. Elles n’avaient pas de photos d’elle avant le début des injections ( !).
La trichoscopie montre des cheveux de type vellus, intermédiaire et terminal. Il n’y a pas d’atrophie ni de signes cicatriciels, pas d’inflammation ni hyperkératose folliculaire. Il n’a pas été réalisé de biopsie.
Discussion :
Pour les auteurs, cette alopécie ne ressemble à aucune autre et il n’y a jamais eu de publication similaire dans la littérature. Les photographies cliniques montrent qu’il ne s’agit pas d’une alopécie androgénogénétique (AAG) féminine banale, car la topographie n’est pas la même et il manque ici la classique persistance d’une mince bande de cheveux en lisière frontale. Le recul de la ligne d’implantation frontale avec creusement des golfes frontaux rappellerait plutôt l’AAG masculine, avec raréfaction des cheveux, coexistence de cheveux terminaux, intermédiaires et de type vellus. Les auteurs éliminent le diagnostic d’alopécie frontale fibrosante sur l’absence d’alopécie temporale et sourcilière, d’atrophie cutanée et d’hyperkératose folliculaire. Certains éléments font défaut dans ces observations, notamment l’examen trichoscopique du reste du cuir chevelu et surtout la biopsie qu’aucune patiente n’a acceptée.
Conclusion :
Cet article ne permet pas encore, sur ces 5 cas d’homologuer cette alopécie frontale comme un effet indésirable des injections de toxine botulique, mais cela pourrait être confirmé à l’avenir si, à la suite de la lecture de cet article, d’autres injecteurs observent aussi de telles alopécies. Les auteurs, tels des lanceurs d’alerte, ont donc le mérite d’attirer notre attention et notre vigilance sur cette possibilité.