Dermatologic Surgery
Analysé par Anne Le Pillouer
Deoxycholic Acid for Submental Fullness and More: Real-World Experience With 202 Patients
Humphrey S*, Femmer P, Beleznay K, Carruthers JDA*
Dermatol Surg 2019 April, 45, 4 : 624-627
Kybella/Belkyra – Allergan : FDA Canada et US approval pour la réduction non invasive de la graisse sous-mentale (GSM) après une étude de phase III extensive en Europe et Amérique du Nord (1745 patients au total)
Etude : Revue rétrospective 2015-2017, 172 femmes et 30 hommes, 1.7 séances en moy. (1 à 9 par rapport à 4.7 traitements dans l’étude pivot)
– Grade : moyen à extrême (étude pivot : léger à modéré)
– 4.6 ml en moy. (Étude pivot : 5.17 ml)
– Intervalle moyen entre 2 traitements : 99 jours (plus que dans l’étude de phase III)
– Dès le 28ème jour :
- réductions significatives des taux de GSM et d'autres zones ciblées de graisse (même chez des patients présentant des facteurs d’inefficacité : laxité importante, ptose, bas-joues, proéminence des cordes platysmales). En moyenne : amélioration de 1 grade
- remise en tension cutanée observée chez la plupart des patients
- Un cas d’inefficacité chez un patient traité au préalable par cryolipolyse.
– Effets indésirables : mineurs et locaux
- Douleur, gonflement, hématomes, érythème et induration : attendus (pas complications). Les autuers pour diminuer les douleurs conseillent de prescrire un AINS Ibuprofène 600 mg 1h avant le traitement, application de lace avant et après, de lidocaïne si nécessaire
- 6 cas d’asymètrie au sourire (atteinte nerf mandibulaire ou d’un rameau cervical du nerf facial) : 1.8%, toujours complètement régressif
– Zones hors AMM
- 60 traitements : région périaxillaire antérieure ou postérieure, abdomen, genou médian, bras, bas-joues. Attention la graisse peut être différente et nécessiter des doses différentes. Il faut des études…
Conclusion : traitement non chirurgical inestimable et efficace. Les résultats auraient pu être encore meilleurs si le recul avait été plus long avec plus de séances
Commentaires : non invasif et efficace … que demander de plus ?
*Carruthers et Humphrey : conflits d’intérêts avec Allergan
Histologic Effects of Fractional Laser and Radiofrequency Devices on Hyaluronic Filler
Hsu SH, Chung HJ, Weiss RA
Dermatol Surg 2019 ;45 :552-556
Littérature antérieure :
Etude ex vivo sur lambeaux d’abdominoplastie divisés en 8 zones, dans 7 zones (1 zone ctl) injections intradermiques (ID) de 0.1 ml d’acide hyaluronique (AH) Juvederm Ultra (Allergan) puis traitement de 6 zones avec laser ou RF
– 1540 nm NAFL (Starlux – Palomar) : 50 mJ/MTZ, 15 ms, stack 5
– 1550 nm NAFL ErGLass (Fraxel DUAL – Solta) : 40 mJ/MTZ, niveau 6, 6 passages
– 1927 nm NAFL : (Fraxel DUAL – Solta) : 20 mJ/MTZ, niveau 4, 6 passages
– 10 600 nm AFL (UltraPulse Encore – Lumenis) : DeepFx, 30 mJ/MTZ, 5%, 2 passages
– RF fractionnée à micro-aiguilles isolées (INFINI – Lutronic) : 2 mm level 2 passages puis 1 mm level 1 passage
– RF fractionnée à micro-aiguilles non isolées (INTENSIF– Endymed) : 2.5 mm level 2 passages puis 1 mm level 1 passage
Histologie après injection : punch de 4 mm
Résultats :
– AH sous forme de dépôts amorphes basophiles dans le derme réticulaire moyen et profond
– Profondeur moyenne d’injection par rapport à la jonction dermo-épidermique (JDE) : 0.42 mm (0.2-0.79)
– Profondeur des MTZ / JDE en mm:
- NAFL 1540 : 0.78
- NAFL 1550 : 0.44
- NAFL 1927 : 0.10
- AFL 10600 : 0.54
- RFF MA isolées : 1.92
- RFF MA non isolées : 1.38
– Laser : Aucune modification morphologique de l’AH aux paramètres utilisés (même pour le 1540 dont les micro-colonnes affleurent la partie superficielle de l’AH, même pour le CO2 et sa zone de dommage thermique résiduelle plus profonde)
– RF : pénétration beaucoup plus profonde des microcolonnes dans l’AH injecté et dommages thermiques de l’AH
Conclusion : l’AH n’est pas affecté par les lasers fractionnés, par contre les RF fractionnées qui pénètrent plus profondément lui causent des dommages thermiques
Commentaires (1)
– Abordés dans la discussion :
- limites de l’étude : peau abdominale plus épaisse que le visage, modèle ex vivo (du coup les phénomènes inflammatoires lancés autour des microcolonnes des lasers fractionnés ne sont pas encochés comme il pourrait l’être en réalité)
– Dans la vraie vie :
- Pour les lasers : nos patientes lors de dérapage des protocoles de traitement (ça peut arriver …) nous ont clairement signalé l’effet du fractionné CO2 sur leur acide hyaluronique avec consommation et nécessité de réinjecter notamment en péribuccal
- Pour les radio-fréquences au moins c’est clair … donc attention aux protocoles de traitement et à la programmation des soins dans le temps !
Commentaires 2 : V Visieux et H cartier (article mis en bibliographie du GL par Valérie Visieux)
Etude effectivement biaisée : —les paramètres utilisés pour le laser CO2 ne sont pas optimaux pour de la réjuvénation ou des cicatrices d'acné : le Deep FX pénètre beaucoup plus profondément et les 30 mJ de l'étude (qui pénètrent effectivement à une moyenne de 0,5 mm) sont trop faibles. Par ailleurs, impossible de comparer les effets d'un LFA par rapport à un LFNA (qui a par ailleurs une profondeur de coagulation maxi à 1,2 mm pour 70 mJ). —comme indiqué dans « limites de l'étude », l'inflammation induite autour des MTZ produit notamment une destruction macrophagique sur l'acide hyaluronique du derme (et de la zone hypodermique proche), et il est donc logique de penser que le filler d'AH injecté va également se résorber en partie… Tous les appareils utilisés dans l'étude pourraient donc avoir une action directe sur le filler d'AH et indirecte par la réaction inflammatoire créée. Cette action est directement dépendante de la fluence et cet article a donc le mérite de nous interroger sur les fluences que nous utilisons avec nos appareils, et l'action que cela va entraîner sur une zone préalablement injectée avec un filler…
Evaluating the Effects of Injected Calcium Hydroxylapatite on Changes in Human Skin Elastin and Proteoglycan Formation
Gonzalez N, Goldberg DJ
Dermatol Surg 2019 ;45 :547-551
Des études antérieures ont montré que l’HACa injecté en intradermique (ID) induisait à 6 mois la production de nouveau collagène (Berlin AL, 2008 ; Marmur ES, 2004). Une étude sur l’animal (modèle canin) a également montré une augmentation du collagène sur 4 à 78 semaines après injection ID (Coleman KM 2008). D’autres études ont confirmé cette néocollgénogenèse ainsi qu’une augmentation de la formation d’élastine (Yurskovakya Y, 2014)
Etude : 15 femmes, biopsie infra-auriculaire droite avant et 6 mois après injection HACa
Résultats histologiques (colorations – Van Gieson pour fibres élastiques et Bleu Alcian pour les protéoglycanes et immuno-marqueur pour l’élastine) :
– Fibres élastiques : + 29 à 179 % mais uniquement chez certains sujets qui ont eu alors une augmentation globale de l’élastine de + 15 à 66 %. Certains ont même eu une diminution de l’élastine. Globalement pour l’ensemble du groupe : pas de différence significative
– Protéoglycanes : + 76.27 % en moy. (t-test à 0.198)
Discussion :
– L’étude de Yutskovskaya était positive pour l’augmentation d’élastine mais les sujets étaient plus jeunes (35-45 ans par rapport à 50-70 dans cette étude)
– Le turn over de l’élastine est bcp plus long que lui des protéoglycanes (21 jours)
– L’augmentation des protéoglycanes est très intéressante car ils induisent une hydratation, une meilleure résistance aux forces de compression et interagissent avec d’autres molécules de la MEC telle que le collagène pour former des structures hydratées complexes témoins de tissus sains.
Conclusion : première étude montrant que l’HACa peut augmenter les protéoglycanes et confirmant l’effet positif sur l’élastine par un effet de remodelage de tous les composants de la matrice extracellulaire. D’autres études sont nécessaires pour confirmer l’effet sur le collagène, l’élastine et les protéoglycanes.
Commentaires : Comment faire une conclusion positive à partir d’une étude plutôt négative …. Ils sont trop forts ces américains !!!!
– Ne jamais lire que les conclusions ou les résumés mais allez chercher les détails des études … dans celle-ci seuls « certains » sujets (combien ???) ont eu une augmentation de l’élastine et globalement pas de tendance et encore moins de significativité statistique
– Par contre intéressante revue de la littérature si l’on veut aller fouiller dans ce domaine
– et OUI c’est très important et positif l’augmentation cette fois significative des protéoglycanes et le remodelage de la MEC ! (Certes sur un petit échantillon et avec des tests non paramètriques mais quand même…)