Utilisation de l’acide L-Polylactique en dehors de la face pour le rajeunissement su corps

Article analysé par E. Duhard

Supervisé par Isabelle Rousseaux

Utilisation de l’acide L-Polylactique en dehors de la face pour le rajeunissement su corps

Off Face Usage of Poly-L-Lactic Acid for Body Rejuvenation. Jabbar A, Arruda S, Sadick N. Journal of drugs in dermatology : JDD. 2017;16(5):489-94.

L’objectif de l’article est d’évaluer l’intérêt de l’utilisation de l’acide L-polylactique (PLLA) en dehors de la face pour la réjuvénation corporelle et donne quelques conseils techniques en fonction des zones traitées afin de limiter les effets secondaires.

Le PLLA est utilisé pour la réjuvénation faciale et à côté de ses effets volumateurs, induit une néocollagénèse progressive, puis un remodelage dermique avec amélioration de la texture cutanée, raffermissement, dont l’effet se poursuivrait 18 à 24 mois et parfois de plus de 36 mois.

Il existe peu d’articles rapportant son utilisation extrafaciale mais une meilleure connaissance de ce produit, une amélioration des techniques d’injection et des modifications dans le protocole de préparation de la solution injectable ont conduit quelques praticiens à l’utiliser en dehors de la face.

Faces dorsales des mains :

Raedelli et al ont injecté le PLLA chez 27 patients de 65 ans d’âge moyen. Un flacon de 150mg était reconstitué avec 0,5 ml de carbocain 3% et 5 à 8 ml d’eau. Une dilution plus importante a été utilisée au cours des sessions suivantes. 2 ml de solution diluée ont été injectés dans les espaces métacarpiens (0,05 à 0,1ml pour chaque espace) à 1 mois d’intervalle pendant 3 mois puis tous les 3 mois pendant 1 an. Ils rapportent une satisfaction de 80% des patients sans effet secondaire notable hormis un petit nodule chez un patient.Plusieurs articles américains montrent des résultats positifs avec l’utilisation d’un flacon de 367,5 mg reconstitué avec10 ml d’eau et lidocaïne 1% en injection rétrograde avec une aiguille de 25 ou 27 G dans le plan sous cutané , 2 à 3 sessions espacées de 4 à 8 semaines .Il est recommandé de reconstituer le produit la veille avec une dilution supérieure à 5 ml (8-16 ml) et d’effectuer un massage vigoureux après l’injection de façon à éviter la formation de nodules.

Cou-Décolleté :

Cette zone est difficile à traiter en raison du risque cicatriciel, par des techniques plus agressives comme les lasers, et l’effet de biostimulation du PLLA est recherché pour lutter contre l’atrophie cutanée, le résultat attendu étant un épaississement du derme ainsi qu’une amélioration de la texture de la peau. Le PLLA doit être utilisé avec une grande prudence dans cette localisation et par un praticien entraîné. La dilution est faite avec 10 ml de solution 2 à 3 jours avant l’injection. 0,05 ml de solution sont injectés avec une aiguille de 27 G par points séparés d’environ 1cm en pinçant la peau entre le pouce et l’index. Un massage de 2mn est réalisé par le praticien puis par le patient 5mn 3 fois par jour/1 semaine. Mazucco et al ont injectés 36 patients, 33 au cou et 3 décolleté et cou. Le nombre de sessions et le volume injecté dépendait de l’importance de l’atrophie cutanée, soit 4 à 7 ml de solution reconstituée à chaque session, 2 à 4 sessions avec un total de 4 et 18 ml de solution pour chaque patient. Tous les patients ont eu des ecchymoses ou des hématomes et 1 patient a eu des nodules (attribué à un manque de massage post injection). L’auteur recommande l’injection point par point plutôt que tunnellisation ou en éventail afin de réduire le risque d’hématomes.

Les résultats ont été évalués dans une étude rétrospective concernant 28 patients traités avec 1 flacon de 150mg reconstitué avec 14 cc de eau et 2 cc de lidocaïne 1%, dilution ayant donné les meilleurs résultats, les sujets plus jeunes répondant mieux . L’injection est faite en éventail, 1cc par ligne. Un massage est réalisé ensuite par le patient 5 fois/j/5 mn/5j 2 à 3 sessions espacées de 4 semaines puis une fois par an pour maintenir le résultat.

Le PLLA a également été utilisé dans la reconstruction mammaire pour combler l’espace entre l’implant mammaire et les tissus mous avec de bons résultats après 9 mois avec des sessions espacées de 4 semaines.

Bras :

Le PLLA est utilisé pour sa capacité de remodelage et de raffermissement cutanéIl n’y a pas de publication concernant cette localisation mais les auteurs rapportent leur propre expérience. Le flacon est dilué à 16 cc et 8cc par bras injectés dans la partie médiane du bras à chaque séance avec une aiguille de 25 G en sous-cutané, injection linéaire de 0,8 à 1 ml par ligne, 2 à 3 sessions espacées de 4 semaines sont recommandées.

Abdomen :

Saddick N. rapporte son expérience concernant 5 patientes. Chaque flacon est reconstitué avec 8 ml d’eau stérile et 2 cc de lidocaïne un anesthésique topique appliqué 30 à 45 mn avant la séance. Les meilleurs résultats seraient obtenus avec l’injection de 2 flacons (20cc) en une seule séance. L’injection est faite de manière rétrograde entre la partie superficielle du tissu sous-cutané et le derme profond et suivie d’un massage de 5 mn une fois par jour 3 jours. Les patients sont été évalués tous les 3 mois et à 12 mois, le raffermissement et l’amélioration de la texture de la peau se maintiennent.

Fesses (région glutéale) :

Il existe une demande croissante concernant la laxité, le volume, l’aspect de cellulite des fesses.Une publication récente de N.Sadick et al montrait des résultats intéressants concernant seulement 2 femmes mais l’article commenté ici rapporte une étude récente de N.Sadick concernant 15 femmes. Un anesthésique local est appliqué 15 mn avant l’injection pratiquée avec une aiguille de 27 G ; 0,2cc sont injectés en points espacés de 1 cm dans le tissu sous-cutané. ; 2 flacons par fesse reconstitués chacun avec 10 cc d’eau stérile et 2cc de lidocaïne sont injectés à chaque séance. 2 à 3 sessions nécessaires. Le port d’un vêtement compressif pendant 3 semaines est recommandé ainsi que des massages de 5 mn 3 fois par jour pendant 1 semaine et l’abstention d’exercice pendant 2 semaines

L’intérêt de l’acide polylactique dans le rajeunissement du corps en dehors de la face réside dans sa capacité à induire une néocollagénèse. Très peu de publications sont disponibles et elles concernent en général très peu de patientes. Les auteurs recommandent une bonne connaissance du produit, une dilution supérieure à 5 ml, une injection profonde dans le plan sous-cutané et des massages plusieurs jours après l’injection. D’autres études portant sur un plus large nombre de cas seraient utiles afin d’établir un consensus sur le protocole d’utilisation du PLLA dans ces localisations.

Commentaire

En France il n’y a plus énormément de médecins qui injectent du PLLA au niveau du visage, à cause des effets secondaires bien que l’utilisation de dilutions plus importantes les ait bien fait diminuerAlors que dire de l’utilisation sur le corps ? Avec des dilutions très importantes on évite peut être le risque de fibrose mais il faut renouveler les injections souvent, alors quel bénéfice pour les patientes, parce que la question est la bien sûr, par rapport à d’autres techniques moins risquées Il serait intéressant de les lister ! Mais aujourd’hui la demande pour des zones comme les bras ou les fesses difficiles à améliorer conduit à l’utilisation de techniques déraisonnables, à nous de réfléchir à leur utilité

1. Mazzuco R, Hexsel D. Poly-L-lactic acid for neck and chest rejuvenation. Dermatologic surgery : official publication for American Society for Dermatologic Surgery [et al]. 2009;35(8):1228-37.2. Mazzuco R, Sadick NS. The Use of Poly-L-Lactic Acid in the Gluteal Area. Dermatologic surgery : official publication for American Society for Dermatologic Surgery [et al]. 2016;42(3):441-3.3. Sadick NS, Arruda S. The Use of Poly-L-Lactic Acid in the Abdominal Area. Dermatologic surgery : official publication for American Society for Dermatologic Surgery [et al]. 2017;43(2):313-5.