Article analysé par Randa Khallouf avec l’aide de Claire Beylot, Isabelle Rousseaux et le laboratoire La Roche Posay.
Un fort taux de réticulation de l’acide hyaluronique trouvé dans un filler responsable d’effets secondaires
A high crosslinking grade of hyaluronic acid found in a dermal filler causing adverse effects.
Keisers P, Vanhee C, Van den Elzen E, de Jong W, Venhuis B, Hodemaekers H.
Journal of Pharmaceutical and Biomedical Analysis.158(2018) 173-178.
Par Randa KHALLOUF
Cet article est le fruit d’un travail de collaboration entre les départements de santé public des Pays Bas et de la Belgique pour expliquer les effets secondaires obtenus avec des produits de comblements importés dans ces 2 pays.
Des produits de comblement à base d’AH (Hyacorp ®) commercialisés dans ces 2 pays ont été responsables d’effets secondaires fréquents ce qui a conduit au retrait de cette spécialité.
Partant du principe que la biocompatibilité d’un filler dépend des modifications subies par l’AH, les auteurs ont étudié la composition de plusieurs produits commercialisés chez eux : tous les produits de la gamme Hyacorp responsables des effets secondaires, mais aussi d’autres AH régulièrement utilisés (Belotero, Volbela , Rofil) ainsi que des produits importés illégalement, dont le nom n’est pas cité dans l’article.
Ils ont mis au point une technique qui permet de d’analyser le contenu du filler, d’apprécier les modifications qualitatives mais aussi de quantifier le degré de modification, la réticulation, le taux de BDDE, et la présence d’additifs
Il s’agit de procédés chimiques de digestion enzymatique suivie de spectrométrie et de chromatographie bien détaillés sur 4 pages (procédés complexes hautement spécialisés, incompréhensibles pour les cliniciens que nous sommes, mais très précieuses pour un laboratoire d’analyse).
La technique a été validée par les instituts de santé publique des 2 pays.
Les analyses ont confirmé la présence dans le produit retiré, d’un taux de réticulation de 36% , taux très au-dessus des taux usuels pratiqués par l’industrie pharmaceutique qui est de 2 à 8 %. Cette anomalie n’était présente que sur certains lots du même produit, d’autres seringues de la même gamme et dans la même indication présentaient des taux classiques De même, et toujours dans cette même gamme et sur certains lots la lidocaïne était remplacée par la Prilocaïne sans que cela ne soit précisé par le fabricant.
Les autres produits analysés (Rofil, Belotero, Volbella , ainsi que les produits importés illégalement) présentaient un taux de réticulation convenable et répondaient au cahier des charges .
Pour conclure :
Cet article a permis :
– De confirmer la corrélation : réaction d’intolérance et réaction inflammatoire au taux de réticulation de l’AH.
– D’établir une méthode d’évaluation et d’analyse des produits de comblement à base d’AH.
– De confirmer que la gamme Hyacorp n’est pas recommandable.
– Et d’inciter les médecins injecteurs à s’assurer de la provenance des produits et du sérieux du laboratoire avant de se lancer dans une nouvelle gamme.