Lecture faite par le Docteur Hélène FLACHER supervisé par Isabelle Rousseaux.
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Midline Volume Filler Injection for Facial Rejuvenation and Contouring in Asians
Zhezhen Xiong 1, Zhengzheng Jiang 2, Kai Liu 3
Rajeunissement de la face par injection de la ligne médiane chez les asiatiques
Zhezhen Xiong 1, Zhengzheng Jiang 2, Kai Liu 3
Le visage des asiatiques est structurellement différent de celui des caucasiens, et il en va de même de leurs standards esthétiques. En effet ces derniers sont définis par un visage plat et rond, aspects qui ont pour conséquence une accentuation des effets de l’âge. Influencé par l’idéal caucasien, les asiatiques visent un visage plus tridimensionnel et projeté vers l’avant. De nombreuses recommandations existent pour les injections d’acide hyaluronique chez les caucasiens, mais aucune pour les asiatiques dont les caractéristiques anatomiques et structurelles diffèrent de ces derniers.
Dans cet article, l’auteur tente de nous décrire une technique d’injection à l’acide hyaluronique au niveau de la ligne médiane de la face dans une société de plus en plus réticente aux actes chirurgicaux invasifs.
Le visage des asiatiques est caractérisés par un front plat, une arcade supraorbitaire basse, un dorsum nasal déprimé, une pointe nasale émoussée et un menton prognathe.
Dans cette étude, 40 patients ont été suivis de juin 2017 à Mai 2019, 37 femmes et 3 hommes, d’un age moyen de 31 ans. De hautes concentrations d’HA ont été utilisées (de 22 à 24 mg/ml) avec des aiguilles de 27G dans le plan profond. Les patients remplissaient un questionnaire de satisfaction post injection immédiate et à 6 mois. Il s’agissait d’une échelle de satisfaction personnelle allant de 0 (très satisfait) à 10 (très insatisfait).
Par ailleurs, chaque visite de suivi s’accompagnait de clichés 2D mais surtout 3D grâce à un logiciel informatique traitant les gains/pertes de volume.
Les injections de la ligne médiane de la face se faisaient au niveau du nez dans un ordre précis par des bolus sous périostés/souspérichondraux : épine nasale, columelle, pointe nasale, dorsum nasal et nasion. L’objectif était d’obtenir un angle nasolabial de 93,4 – 98,5 ° pour les hommes et 95,5-100,1° chez les femmes.
Les injections du front se faisaient en 3 sites : 2 en haut et latéralement à la ligne médiane et 1 à la glabelle, avec un bolus sous périosté, suivi d’un massage du site d’injection. Un angle vertical inférieur à 15° étant requis.
Les injections du menton se faisaient au niveau du pogonion et de part et d’autre avec un bolus sous périosté, en s’assurant de ne pas excéder les volumes recommandés au risque d’obtenir un menton lourd et artificiel trop projeté en avant.
En moyenne, un volume de 6,14 +/- 2,82 cc par patient ont été requis, soit 3,10 +/- 1,37 cc pour le nez, 1,8 +/- 1,01 cc pour le front et 2,71 + /- 1,52 cc pour le menton. L’augmentation de l’angle nasolabial était de 100° à 107,9° ; celui de l’angle nasofacial de 28,78 à 31,78° tandis que l’angle nasofrontal n’était pas modifié. L’angle mentolabial passait de 146° à 141°.
L’auteur a en outre remarqué qu’une augmentation de volume de la ligne médiane post injection s’accompagnait d’une baisse de volume dans d’autres régions et surtout de la zone infra orbitaire et des joues. Une relation linéaire a pu être établie entre ces gains/pertes de volumes, une augmentation moyenne de la ligne médiane de 6 cc s’associait à une perte moyenne de 3,9 cc au niveau des joues. Ce phénomène pourrait s’expliquer par une attraction des tissus mous adjacents à la ligne médiane , notamment les compartiments gras.
Durant le suivi, les patients semblaient satisfaits en post injection immédiate et à 6 mois avec un score moyen stable de 2,28 +/- 1,27 sur l’échelle de satisfaction. Les analyses 3D à 2 ans montraient également une stabilité des effets de rajeunissement avec une faible proportion d’HA résorbé. Aucun effet indésirable n’a été rencontré.
Ainsi, dans cette étude l’auteur s’est attaché à décrire une technique d’injection de la ligne médiane de la face chez les asiatiques dont les demandes esthétiques diffèrent de celles des caucasiens. En effet, si les asiatiques visent un visage plus tridimensionnel qui se rapproche du standard caucasien, les techniques d’injection doivent s’adapter à leurs spécificités anatomiques et structurelles. Les occidentaux auront tendance à demander des injections au niveau des joues alors que les asiatiques chercheront l’effet inverse.
A travers cette technique d’injection spécifiquement destinée à la population asiatique, l’auteur s’est attaché à définir une technique standardisée permettant d’augmenter l’effet stéréoscopique du visage. La modulation du nez semble être la partie cruciale de la procédure et la majorité du volume injecté vise à augmenter l’angle nasolabial et la base du nez afin de projeter la pointe nasale et donner un aspect plus fin et élégant. Une précaution particulière doit être prise au niveau du front en évitant l’excès d’injection de part et d’autre de la glabelle afin d’éviter un front trop large. Les analyses 3D ont permis d’observer d’une injection du front conduisait à une perte de volume orbitaire, sans qu’une explication physiologique ait pu être retrouvée. Enfin, un léger gain de projection du menton au niveau de la ligne entre le nasion et la perpendiculaire au plan horizontal de Frankfort permettait un effet optimal, notamment chez les patients avec une rétropulsion du menton dépassant les 4mm. Récemment ont également été décrites des techniques combinant les injections d’HA et de toxine botulique A dans le muscle dépresseur du septum nasal et le mentalis pour augmenter l’effet de protrusion du menton par un relâchement des muscles de la mimétique de la face facilitant le glissement du SMAS, cependant les doses nécessaires doivent être mieux définies.
Par ailleurs l’auteur souligne l’importante d’une injection dans le plan profond, avec un geste le plus stable possible, à pression constante sans mouvement afin de minimiser les effets de distorsion. Cette technique permet également de diminuer le risque de complications, notamment vasculaires (nécrose, embole etc).
Ainsi, cet article est original dans son approche des standards esthétiques asiatiques qui diffèrent de ceux des caucasiens déjà largement décrits et étudiés. Il s’attache à définir une technique reproductible d’injection de la ligne médiane de la face afin de projeter plus avant le visage et atténuer les effets de rondeur et de platitude qui ont tendance à accentuer les effets de l’âge. Cependant, le score de satisfaction ne se poursuit pas au-delà de 6 mois, il serait intéressant d’étudier la durabilité dans le temps et la nécessité de ré injections.
De même, il décrit peu de risques suite à cette technique certainement liés à l’expérience de l’auteur