Injections d’acides hyaluroniques au niveau de visages atteints de malformations faciales. Etude préliminaire de l’assouplissement des zones cicatricielles et de l’amélioration esthétique.

Article analysé par Edith Duhard,

Supervisé par Isabelle Rousseaux,

Injections d’acides hyaluroniques au niveau de visages atteints de malformations faciales. Etude préliminaire de l’assouplissement des zones cicatricielles et de l’amélioration esthétique.

Facial injections of hyaluronic acid-based fillers for malformations. Preliminary study regarding scar tissue improvement and cosmetic betterment].

Franchi G, Neiva-Vaz C, Picard A, Vazquez MP. Ann Chir Plast Esthet. 2018 Jun; 63(3):197-204. Epub 2018 Feb 3.

Produit phare dans la prise en charge du vieillissement facial, l’acide hyaluronique est utilisé depuis plusieurs années pour le traitement des cicatrices déprimées et en particulier les cicatrices d’acné ou de varicelle, l’effet volumateur permettant de lisser la cicatrice, mais peu de publications font état de son utilisation en chirurgie réparatrice pour des malformations congénitales, tumeurs, séquelles de traumatisme et de brûlures qui ne sont pas complètement améliorées par les techniques chirurgicales .

Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 32 patients, de 13 à 32 ans traités de 2013 à 2017réalisée dans le centre de référence fentes et malformations faciales réparatrice pour les moins de 18 ans et un centre pour adultes après 18 ans,

L’objectif était d’évaluer les effets volumateurs mais également les effets sur la souplesse et l’élasticité des tissus cicatriciels.

Les indications étaient les suivantes :

-absence de technique chirurgicale adaptée

-le résultat de la chirurgie effectuée est incomplet

-choix du patient quand les 2 techniques sont envisageables

62,5% des patients avaient eu un geste chirurgical visant à restaurer les volumes manquants (chéiloplastie secondaire, injection de graisse autoloque, greffe musculaire..) avec un résultat incomplet.

L’évaluation a été effectuée autour de J15 et à distance (6 à 18 mois) par le patient et par un chirurgien référent différent de celui ayant réalisé les injections et portait sur

le volume et la forme et sur les modifications de la souplesse et de l’élasticité (palpation, analyse de la mimique)

Les produits utilisés étaient Juvederm VOLBELLA avec lidocaïne, VOLIFT et VOLUMA.

La technique d’injection y est décrite avec précision. Toutes les injections ont été réalisées par le même opérateur après application d’un anesthésiant local 1 à 3 h avant et/ou M.E.O.P.A. , avec des aiguilles de 30 G1/2 ou 34 G, ,ou une canule de 25 G pour Voluma en fonction du plan de la déformation à corriger. La quantité injectée par séance était peu importante, de 0,3 à 2, 5 ml.

Les patients ont reçu 1 ou 2 séances d’injection, et dans ce dernier cas, la 2e séance avait lieu entre 3 et 12 mois plus tard.

Les auteurs rapportent que100% des patients et des chirurgiens sont satisfaits ou très satisfaits concernant le volume et la forme lors de l’évaluation immédiate (autour de J15) et seulement 70% lors de l’évaluation à distance (6 à 18 mois). Les 30% de moyennement satisfaits correspondent à des cas complexes qui avaient eu une seule séance. Les 23% de très satisfaits ont tous eu 2 séances.

L’amélioration est très nette dès la 1 ère session d’injections pour les séquelles de brûlures et d’hémangiomes mais seulement après la 2e session pour les patients atteints de fente labiale bilatérale gênés par la rigidité des cicatrices de la lèvre supérieure.

Il n’y avait pas de différence entre la perception des patients et médecins en ce qui concerne la souplesse.

Aucune complication n’a suivi ces injections en dehors d’effets secondaires minimes tels qu’ecchymoses, œdème, érythème. Les règles à appliquer permettant d’éviter ces complications sont rappelées.

Ce que cette étude apporte de nouveau est et la constatation d’une amélioration de la souplesse et de l’élasticité cutanée des déformations plus importantes ou des cicatrices indurées pour lesquelles on aurait tendance à réfuter l’indication à cause de la difficulté possible de l’injection et la crainte d’une non efficacité.

La raison de cette amélioration reste à déterminer ; augmentation de l’hydratation, propriétés viscoélastiques de l’AH, prolifération des fibroblastes augmentation de la sécrétion d’élastine ?

L’étude a été réalisée sur des pathologies crânio-faciales. Mais on peut penser que des cicatrices gênantes, rigides ou rétractiles sur d’autres parties du corps pourraient bénéficier de ce traitement .