Article analysé par Hans Laubach
L’administration de toxine botulique A par voie transdermique améliore-t-elle les résultats du laser fractionné non ablatif au niveau des rides périoculaires ?
Fan X et al. Clinical assessment of the safety and effectiveness of non ablative fractional laser combined with transdermal delivery of botulinum toxin A in treating periocular wrinkles. Plast Reconstr Surg Glob Open 2016; 4: e1004 (published on line 30 August 2016
Cet article étudie l’administration transdermique de toxine botulinique à l’aide de la photothermolyse fractionnée non-ablative pour le traitement des rides péri-orbitaires. 30 patients ont été traités avec un laser FXNA 1565nm (100 – 200 MTZ/cm2, 30 – 50 mJ/MTZ) dans les régions péri-orbitaires gauches et droites. Dans les suites immédiates, la peau péri-orbitaire a été recouverte d’une gaze stérile. Celle-ci a ensuite été imprégnée, pour l’œil droit, d’une solution saline stérile alors que celle de l’œil gauche a été imprégnée d’une solution saline contenant 5 – 15 unité de toxine botulinique (100 unités dans 5 ml de NaCl). La gaze est ensuite laissée en place durant 15 minutes.
Les patients sont par la suite revus en contrôle à une semaine, puis 1,2,3 et 6 mois plus tard. Il est intéressant de noter que le côté gauche, traité avec la solution topique de toxine botulinique présente une meilleure amélioration en comparaison au côté contrôle. De plus, l’amélioration observée atteint son maximum à un mois du traitement laser, ce qui coïncide avec la cinétique d’action de la toxine botulinique, pour décroitre graduellement par la suite.
On pourrait aussi s’attendre au niveau controlatéral (coté traité par laser fractionné non-ablatif seul), à une amélioration progressive au fil des mois, mais malheureusement, les auteurs n’ont pas fourni les données détaillées. On ne peut donc que supposer que la légère amélioration progressive observée au fils des mois est à mettre en lien avec l’effet du traitement laser seul. A noter que le laser fractionné non ablatif, comme l’a démontré by Manstein et al en 2004, ne modifie pas les pertes d’eau transépidermiques.
Donc, une idée intéressante, mais…
– Malgré ces résultats préliminaires intéressants, l’efficacité des la méthode pour améliorer l’administration transépidermique de grosses molécules telles que la toxine botulique est à confirmer.
– Les concentrations en toxine botulinique étant très variables dans cette étude (5 –15 U), nous émettons une réserve sur l’interprétation des résultats et ne pouvons pour le moment établir de recommandations quant à l’usage de cette technique dans la pratique quotidienne.
– Dans la présentation des résultats, il est dommage qu’il n’y ait qu’un seul tableau avec le résultat global des 30 patients et pas de tableau comparatif visualisant mieux que dans le texte les résultats du côté gauche (laser+ toxine botulique) et du côté droit (laser seul). Le taux de satisfaction comparatif des patients dans les 2 groupes n’est pas mentionné.
Des évaluations complémentaires concernant un plus grand nombre de patients, avec une méthodologie plus standardisée quant aux doses de toxine et aux paramètres du laser seraient donc nécessaires pour valider l’intérêt de l’association au laser de la toxine botulique transdermique.