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Hand Rejuvenation With a Hyaluronic Acid-Based Dermal Filler:
A 12-Month Clinical Follow-Up Case Series
Réjuvénation des mains par des injections d'Acide Hyaluronique : une étude de suivi sur 12 mois
P Micheels and al
J Drugs Dermatol 2021, 20 (4) : 451-9
Le but de cette étude menée par Patrick Micheels et col était de vérifier l'efficacité et la sécurité des injections d'acide hyaluronique à la canule au niveau des mains.
5 femmes ont été recrutées. L'injection a été faite avec une canule 27G/37mm à partir d'un ou 2 pré-trous (aiguille 26G) avec un acide hyaluronique associé à de la lidocaïne (Teosyal RHA3, qui contient de la lidocaïne 0,3 %) : injection rétrograde vers les différent espaces inter-mécacarpiens, 1ml par main en hypodermique par à la canule (Magic Needle 27G/37mm). Massage immédiat puis par le sujet pendant quelques jours.
La peau a été étirée vers le haut pour introduire la canule et l’échographie (1 sujet) a permis de montrer la bonne position dans l’hypoderme au-dessus du fascia de l’extrémité de la canule, mais aussi le positionnement du produit avant et après massage (papule oblongue bien limitée hypoéchogène sans cône d’ombre) .
4 sujets sur 5 ont bénéficié d’une retouche à 3 mois par canules ou bolus à l’aiguille avec dans 2 cas sur 4 de nouveau 1ml par main.
L’évaluation a mobilisé 5 évaluateurs (3 médecins + 2 du staff) + autoévaluation par les sujets à 1, 3, 6 mois, 12 mois + 15 mois pour ceux avec retouches.
Les scores d’efficacité utilisés sont
Merz Aesthetic Hand Aging Scale (MAS) *
et Global Aesthetic Improvement Scale (GAIS)
avec 4 critères : volume, qualité de la peau, hydratation, luminosité/ évaluateurs et sujets
la tonicité a été appréciée par la dynamique au pincement sur photo.
La douleur (cotée de 0 à 10), la rougeur et l’œdème (de 0 à 3) ont aussi été précisés
L’ensemble des données recueillies vont de 50 (2 mains x 5 évaluateurs x 5 sujets) à 10 (2 mains x 5 sujets), ce qui signifie que pour certaines évaluations, les patients n’ont pas été revus.
La technique est jugée non douloureuse et bien tolérée. On signale un léger engourdissement bien classique. Pour la cotation de la douleur 3 sujets 1/10, 1 sujet 5/10.
Les résultats sont jugés globalement bons par les évaluateurs avec une amélioration du MAS jusqu’à 12 mois avec 60% de bonne opinion. Ils notent une bonne restauration prolongée du volume avec diminution de la visibilité des veines et tendons, meilleure qualité cutanée, hydratation et luminosité.
Le GAIS est aussi amélioré jusqu’à 12 mois pour presque tous les évaluateurs tandis que pour les sujets l’amélioration est de 90 à 100 % des cas, 12 mois après l’injection initiale ou la retouche.
Si on se penche sur les courbes du GAIS, pour les évaluateurs, il semble y avoir un petit infléchissement à M3 par rapport à M1 et quasi-récupération à M6 puis diminution modérée à M12/15. Pour les sujets, plutôt diminution progressive mais plus rapide entre M3 et M6.
Au-delà de ces chiffres, il faut bien comprendre que ces améliorations se font à des niveaux divers plus ou moins importants (les résultats modestes étant aussi compris).
On note une diminution assez progressive du gain esthétique plus marquée pour l’hydratation et l’éclat très améliorés à M1, et qui chutent à 40 et 20% à M3.
Les sujets ont fait état de remarques positives de l’entourage dans 4 cas sur 5.
COMMENTAIRES
Comme le soulignent les auteurs, ces résultats doivent être confirmés par des études comportant plus de sujets et des techniques d'évaluation objectives pour certains paramètres.
Par ailleurs même si l’amélioration existe il faut souligner qu'elle reste parfois partielle et finalement relativement éphémère, certains critères d'évaluation montrant une perte de gain dès le 3è mois. Ceci est bien mis en évidence par la nécessité d'effectuer des « retouches » à M3 chez 4 des 5 sujets, avec des doses similaires à l'injection initiale (1ml par main) dans 2 des 4 cas.
Ces constats doivent nous conforter dans la nécessité d’informer correctement les patients sur les limites de ce traitement et la possibilité d'associer d'autres techniques de réjuvénation pour en optimiser les résultats.
Concernant la technique, l’utilisation du contrôle échographique pour vérifier le positionnement de l'implant et sa répartition après massage est élégante et montre bien sûr que le massage est un temps essentiel. Néanmoins, la facilité à étirer la peau du dos des mains permet de positionner les canules mais aussi les aiguilles et les techniques de bolus à l’aiguille sont aussi faciles à réaliser. Ainsi, même si la canule me paraît être à privilégier, les aiguilles sont possibles, le principe des injections réussies étant d'utiliser la technique avec laquelle on est le plus à l'aise. Ce qui me paraîtrait intéressant serait de comparer les 2 techniques canules et aiguilles pour déterminer si l'une est plus avantageuse que l’autre en matière de précision, de rendu et de consommation de produit. Cela nécessiterait de recruter plus de patients afin d'obtenir des résultats exploitables en matière de statistiques avec une main traitée par canules et une par aiguille, droite ou gauche étant tirées au sort pour éliminer certains biais.
Pour conclure, l’article est intéressant et va dans le sens de notre expérience en matière de comblement des mains : quantité souvent importante avec au final 1,5 à 2 ml par main, résultats appréciables mais souvent partiels avec une perte de gain progressive, un peu plus rapide lors des premiers mois. Il appelle à faire d’autres travaux qui pourraient être très utiles pour notre pratique.
*pour info le Merz Aesthetic Hand Aging Scale apprécie la perte du volume « graisseux » et donc les creusements et la visibilité des tendons et vaisseaux qui en résulte.